Pour être performant en voile, il faut savoir choisir la meilleure route. Et cette dernière dépend souvent de la météo ! Depuis plusieurs années, LGL travaille avec Christian Dumard, « routeur » de référence parmi les plus sollicités par les navigateurs et les organisations de course. Régulièrement et avant chaque course, il propose ainsi à nos adhérents une formation complète et personnalisée en météorologie.
Christian, vous avez longtemps navigué, comment en êtes-vous arrivé à exercer dans le domaine de la météo marine ?
Dans les années 80-90, j’étais navigateur sur des bateaux de course et j’ai participé à différents projets comme Le Tour de France à la Voile, l’Admiral’s Cup ou encore La Coupe de l’America. Je m’intéressais déjà à la météo, mais c’est grâce à ces différentes expériences que je me suis plongé dans la météo marine et dans la stratégie de course. Par la suite, j’ai eu différentes activités, j’ai travaillé dans une société pour l’Internet, en tant que team manager chez Sodebo et aussi avec Jean-Pierre Dick en Nouvelle-Zélande pour la gestion de son JP54. Et depuis six ans, j’ai cessé toute autre activité pour me consacrer pleinement au routage. J’ai arrêté de naviguer en compétition et, comme beaucoup d’autres, j’ai continué d’exercer à terre ce que je faisais en mer.
Aujourd’hui, je navigue toujours un peu, mais c’est pour le plaisir. Étant entrepreneur dans l’âme, je me suis associé avec Basile Rochut, qui a terminé ses études d’ingénieur et prépare la Mini Transat 2025, avec qui nous avons lancé la société Marine Weather Intelligence au sein de laquelle nous travaillons sur une intelligence artificielle visant à améliorer les prévisions météo et les routages.
Depuis combien de temps travaillez-vous aux côtés de Lorient Grand Large ?
Dès 2015, j’ai commencé par accompagner les skippers LGL avec des séances de travaux pratiques, des roadbooks et des briefings d’avant départs de courses pour les Figaristes. J’ai également participé aux entraînements offshore avec Tanguy Leglatin. Cette année, je travaille sur les courses IMOCA, sur les TP IRC et les TP Mini 6.50. La seule différence entre aujourd’hui et mes débuts chez LGL, c’est que maintenant nous proposons plus de TP avec mises en situation et moins de formations théoriques, tout en alliant les deux.
Comprendre les situations type et les enjeux de stratégie en fonction de la météo
Qu’apprenez-vous aux skippers ?
Ce qui est important, c’est de comprendre les situations type, les enjeux de stratégie, en fonction de la météo mais aussi selon le courant pour ceux qui participent à des courses en Manche ou en Bretagne Sud notamment. Les exercices que nous réalisons avec les adhérents LGL sont vraiment spécifiques à la classe dans laquelle ils naviguent car chacun a des outils différents. Entre un IMOCA qui a un accès Internet quasiment illimité et un Mini qui n’a aucun accès aux données extérieures, les outils permettant d’analyser la météo et ainsi de définir leur stratégie sont complètement différents. L’objectif pour chacun est donc de se mettre en situation avec les outils dont il va disposer.
Selon vous, est-ce un plus d’être un ancien navigateur ?
Je pense qu’aujourd’hui le routage et le suivi météo ne consistent plus simplement à décrire la situation météo, mais à savoir comment il faut les appliquer en termes de stratégie, afin de savoir quelle route il est judicieux de choisir etc. Cette route est en partie théorique puisqu’il y a des données météo, mais elle est aussi pratique car il y a certaines limites, de par l’état de la mer ou encore la fatigue, avec des routes qui demandent plus de manœuvres que d’autres par exemple. Ce sont des situations sur lesquelles quelqu’un qui ne fait que de la météo et qui ne navigue pas aura plus de mal à se projeter.