Un proto qui “survole”, un série qui persiste


IMG 2135
©

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas sur la Plastimo Lorient Mini 6.50. Après une dernière édition sous le signe du gros temps, place cette année à des conditions idéales : une mer calme, un soleil généreux et du vent juste « comme il faut » pour donner un bon tempo. De quoi faire le bonheur des 73 équipages doubles mixtes composant les rangs de la flotte hétérogène réunie pour cette première course du calendrier atlantique sur le circuit Mini.  

 

Départ au portant : la flotte « défile » à l’anglaise

 

C’est à midi pile qu’a été donné jeudi 10 avril, le départ dans les courreaux de Groix sous leurs plus beaux apparats. Sur le plan d’eau printanier, les spis fleurissent. Et pour cause, le directeur de course, Yves Le Blevec, fidèle à son habitude, a prévu un départ au portant, comme il les affectionne.

Au top, les Minis « défilent » à l’anglaise, donnant la mesure de leur potentiel spectaculaire. D’entrée de jeu, le 1067 fait le show et se démarque. À la faveur d’ « affoilantes » accélérations, le décollage est immédiat. Sur ses appendices rose fluo et ses safrans à plans porteurs, Nicomatic - Petit Bateau prouve qu’il a, non pas des jambes, mais des ailes !

Le duo du bord - Caroline Boule et Benoît Marie en couple dans la vie -, s’empare des commandes. Il ouvre la marche de cette PLM qui invite la flotte à d’abord contourner l’île de Groix dans le sens anti-horaire. Tout au long du parcours servi par les vents est, nord-est dominants dans un contexte météo au grand beau anticyclonique, il ne les lâchera pas : de Penmarc’h à l’île d’Yeu, en passant de nouveau par Groix dans la nuit, creusant son avance aux allures portantes sous pilote automatique.

 

Nicomatic - Petit Bateau en mode chevauchée fantastique

 

Après 24 heures  33 minutes, au terme de 268 milles de chevauchée fantastique, Nicomatic - Petit Bateau coupe la ligne d’arrivée sous un soleil toujours aussi radieux. Il n’ a laissé aucune chance à ses deux plus proches poursuivants de venir lui faire de l’ombre devant. Le duo récidiviste ne cache pas son immense satisfaction au terme de cette course toute en maîtrise, qui vient récompenser des années de travail pour tirer la quintessence de cette machine, née il y a trois ans des plans de l’architecte Sam Manuard.

Sur le ponton lorientais où il sont donc revenus aussi vite qu’il sont partis, les deux co-skippers savourent cette victoire à sa juste valeur. « On s’est bien appliqués. Et c’est l’apprentissage qui paye pour être dans le bon timing. La moindre erreur ne pardonne pas. 30 secondes à 20 nœuds, c’est énormément de distance. Et cette année, on a vraiment bien navigué », se félicite Caroline. 

 

Du tâtonnement au réglage fin

 

« On est vraiment contents de signer deux victoires d’affilée (sur la PLM). C’est la 4è saison qu’on navigue avec le bateau. Au début, on se faisait peur. Il n’y a pas de manuel d’utilisateur pour un foiler de 6,50 mètres, conçu pour traverser l’Atlantique. Il faut l’inventer, et ça prend du temps. Et là, on n’est plus dans le tâtonnement, on est dans le réglages fin, c’est génial », renchérit celui qui, après sa femme en 2023, en prendra la barre pour disputer la prochaine Mini-Transat, à l’automne prochain.

En double sur la PLM, c’est sur un monde très paritaire que fonctionne ce couple de co-skippers investi à 200% dans le développement de ce Mini au maxi potentiel. « On est deux sur le projet, et on n’est pas de trop »,  ajoute celui qui se félicite aussi d’avoir pu « mettre un peu les watts, en appuyant fort sur l’accélérateur, avec le bateau calé entre 15 et 20 nœuds »… Savoureuses pointes à 25 nœuds comprises !

 

Un podium proto sur tapis vert

 

Dans le sillage de cet intouchable leader, ses poursuivants immédiats n’ont pourtant pas démérité. Xucla, coupe à son tour la ligne un peu plus de 2 heures plus tard.  En deuxième position avant jury, le duo hispano français, formé par Carlos Manera et Margaux Chanceaulme, précède lui-même d’une heure DMG Mori Sailing Academy 2 d’Alexandre Demange et Thaïs Le Cam.  

Troisièmes à l’arrivée, les deux marins expriment en cœur leur « grand kif à l’état pur » après avoir répondu à leur objectif « de prendre du plaisir, et de relancer la machine pour le reste de la saison ». D’une seule voix, le duo se félicite de s’être bien accroché à bord du premier proto à dérives. Et d’autant plus qu’en raison d’une réclamation infligeant une pénalité à l’équipage d’Xucla qui ne portait pas de gilet au départ, voilà ce binôme re-classé deuxième à l’arrivée.

 

Série : catégorie à suspense Maxi !

 

Du côté des séries, les concurrents n’ont pas été en reste pour attiser le suspense. Vendredi  soir, alors que les courreaux de Groix sont baignés par un splendide coucher de soleil printanier à l’aube d’une deuxième nuit de course, le duo du Maxi AFP - Groupe Biocombustibles s’offre la primeur de la ligne chez les séries. Un beau succès pour Paul Cousin, l’un des incontestables favoris de sa catégorie, qui goûte de nouveau, aux côtés cette fois de Marie Zugolaro, au plaisir de la victoire.

« Les conditions, le parcours génial avec des bords où cela allait vite, c’était chouette !  Et la victoire, c’est toujours la cerise sur le gâteau sur cette course de vitesse. C’est une bonne mise en jambe pour la suite », témoigne ce dernier. Au classement, il est suivi par les duos de Jules Sponsor Wanted (Deniz Bagci-Margot Vennin) et de Seven X Seven (Naho Takahara-Benoît Hantzberg). Ces équipages complètent un podium à 100% Maxi, ce plan ultra performant David Raison. 

Dans le sillage, la nuit n’a pas manqué d’animation sur le ponton de Lorient La Base, alors qu’une armada de doubles mixtes engagés à bord des 72 protos et séries se bousculent sur la ligne d’arrivée, avec parfois une poignée de minutes pour les départager. Une belle manière pour les 144 marins de rentrer de plain-pied dans la saison sur cette PLM, dont le succès ne se dément pas aux côtés de ses partenaires fidèles, forte également de l’engagement de ses bénévoles. Cette année, la course a tenu toutes ses promesses : encore et toujours dans l’intensité de la bataille qui se joue sur l’eau ; mais aussi cette fois sur le plan de la météo. Ce qui, en lever de rideau du calendrier Mini sur la façade Atlantique, ne gâche évidemment rien…

 

* Le 599, Rossinante (Gauthier Bril-Camille Masonna) a fait part de son abandon avant de rejoindre le port de Lorient La Base vendredi matin.