Un Vendée Globe sous haute pression : météo, stratégie et résilience


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Depuis le 10 novembre, le Vendée Globe se poursuit dans un climat de plus en plus exigeant. Après un début de course particulièrement lent et complexe – le plus calme des 20 dernières années – la flotte est désormais scindée en deux : les foilers, qui profitent de leur vitesse impressionnante pour mener la danse, et les bateaux à dérives, déterminés à se livrer une intense bataille au contact.

 

Cap au sud

 

L’équateur, désormais franchi par tous les skippers, a marqué une première étape de cette aventure, les marins se préparant désormais à s’attaquer à leur tour du monde via un hémisphère sud symbolique et redouté. Avec une première rupture au moment d’attraper une dépression au large du Brésil, qui a permis au groupe de tête de dévaler l’Atlantique Sud à vive allure. 

 

Les leaders, parmi lesquels les Lorientais Thomas Ruyant, Yoann Richomme, Jérémie Beyou et Sam Goodchild, viennent en effet de dépasser le cap de Bonne-Espérance, tandis que le reste de la flotte tente de tirer profit des transitions météo pour garder le contact malgré des écarts qui ne cessent de se creuser. Dernier concurrent à être parvenu à bénéficier des vents portants jusqu’au Sud de la pointe africaine, Paul Meilhat (Biotherm), confiait récemment :

 

« L’intensité de cette course est incroyable. Il faut constamment équilibrer vitesse et gestion des conditions. »

 

L’anticyclone de Sainte-Hélène, qui avait donc laissé la voie libre aux premiers foilers, a en effet effectué son retour, imposant aux navigateurs suivants une série de recalages et de manœuvres complexes pour parvenir à garder un peu d’air dans leurs voiles. En témoigne la nuit dernière, marquées par de nombreux empannages, comme le raconte Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 10e), raconte :

 

« La transition, je suis en plein dedans, et jusque-là ça se passe relativement bien. Il n’y a pas de gros trou de vent pour l’instant, et en théorie, dans les heures à venir, il ne devrait pas y en avoir trop non plus. Mais j’ai dû faire quelques changements de voile quand même. »

 

Isabelle Joschke (MACSF, 19e) a pour sa part opté pour une tactique à quitte ou double, plongeant plus au Sud-Est afin de tenter de contourner l’anticyclone par le bas, et retoucher le vent la première ?

 

Les chasseurs à l’affût

 

Quelque peu en retrait, le groupe de poursuivants s’étalant de Sam Davies à Damien Seguin (Groupe APICIL, 18e), ne pouvait que reconnaitre la supériorité des foilers dernière génération, impressionnants de vitesse pure. Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 14e), explique :

 

« Les foilers sont intouchables en vitesse ! Même avec des petits foils, c’est impossible de tenir le rythme des premiers. Ils vont tellement vite. »

 

Néanmoins, la stratégie et la gestion des conditions jouent elles aussi un rôle clé. Boris Herrmann (Team Malizia) reste optimiste :

 

« Gérer les transitions météo est un défi constant. Ce n’est pas seulement une question de vitesse, mais aussi de timing et de placement stratégique. »

 

L’Antarctique et la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) rabaissée : un tournant stratégique

 

Avec l’entrée dans les mers australes, la ZEA, délimitée pour protéger les skippers des icebergs, redéfinit les tactiques. La Direction de course prévient :

 

« Le vent sera fort et rafaleux, avec une mer qui va se creuser. Ce sera intense. »

 

Naviguer près de cette frontière offrira certes quelques opportunités de jeu, mais exposera également à de nouveaux risques. Les marins devront ainsi jongler entre vitesse et prudence pour tirer le meilleur parti des dépressions australes.

 

Résilience et gestion mentale : les clés du succès

 

Au-delà des défis techniques, la gestion mentale reste cruciale. Damien Seguin (Apicil) souligne :

 

« Il faut savoir gérer la pression. Ici, il n’y a pas de place pour l’erreur. C’est un mental de fer qui nous permet d’avancer. »

 

D’autres, comme Conrad Colman (Imagine, 30e), insistent sur l’importance de la régularité :

 

« C’est une course où la constance est essentielle. Les conditions changent constamment, il faut être adaptable et toujours prêt. »

 

La météo, la gestion des ressources, la stratégie et la capacité à naviguer sous pression seront autant d’éléments décisifs pour savoir qui s’imposera cette année. Les skippers savent qu’il ne suffit pas de partir devant, il faut aussi savoir tenir le cap jusqu’au bout ! 

 

Pour suivre leur progression : rendez-vous sur la cartographie officielle !

 

 

LES LORIENTAIS EN COURSE

 

TEAMWORK - Justine Metraux

NEXANS-ART & FENETRES - Fabrice Amédéo

FORTINET-BEST WESTERN - Romain Attanasio

DMG MORI - Kojiro Shiraishi

TEAMMALIZIA - Boris Hermann

APICIL - Damien Seguin

MASCF - Isabelle Joschke

HUBLOT - Alan Roura

INITIATIVES CŒUR - Sam Davies

CHARAL - Jérémie Beyou

VULNERABLE 2 - Sam Goodchild

VULNERABLE 1 - Thomas Ruyant

BIOTHERM - Paul Meilhat

PRYSMIAN - Giancarlo Pedote

PAPREC ARKEA - Richomme Yoann

IMAGINE - Conrad Colman

LAZARE - Tanguy Leturquais