Première course de l’année de la Classe Mini sur le bassin Atlantique, la Plastimo Lorient Mini 6.50 fêtera en 2024 ses 10 ans. Et pour célébrer en beauté sa longévité, la course lorientaise s’offre une innovation qui fera date dans la féminisation de la course au large : l’instauration du double mixte dans ses règles de course !
A quoi reconnaît-on une bonne idée ? Au consensus qu’elle suscite. Si l’annonce l’année dernière du test du double mixte pour la « PLM » avait suscité quelques débats sur la capacité de trouver autant de femmes désireuses d’enfiler le ciré, le succès de l’édition et les retours positifs des 85 binômes mixtes engagés ne souffraient nulle hésitation ! En concertation avec son Conseil d'Administration et l'organisateur Lorient Grand Large, la Classe Mini a donc voté l’adoption définitive du format homme-femme pour ses prochaines éditions.
« L’esprit de la Classe Mini a toujours été de créer les opportunités d'égalité, et c’est dans cette philosophie que nous souhaitons pérenniser le format mixte, qui a montré tout ce qu’il avait de positif l’an passé », justifie ainsi son président, Jean Marre, qui se félicite du « progrès pour notre sport que de voir 85 femmes sur une ligne de départ ».
Un « aspirateur à talents »
Et l’enjeu est inversement proportionnel à la taille des bateaux ! Avec leurs 6 mètres 50 de longueur et leurs budgets raisonnables, les Minis constituent en effet une porte d’entrée privilégiée dans la course au large pour de nombreux skippers, et la féminisation de cette classe est donc d’autant plus cruciale. Historiquement, c’est d’ailleurs la classe de course au large qui accueille le plus de femmes, avec 15 % d’adhérentes en moyenne en 2022 – un chiffre en constante augmentation depuis 2019, alors qu’il plafonnait depuis longtemps autour des 8 %.
« La Classe Mini est un aspirateur à talents, et à la vie tout court, donc c’est évident et naturel que nous souhaitions voir progresser la course au large vers plus d’égalité homme-femme, » souligne Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large, l’association lorientaise qui organise chaque année la « PLM ». Et le passionné d’ajouter : « A titre personnel, je suis convaincu que les hommes ont beaucoup à apprendre des femmes, dont la manière de naviguer est souvent très intelligente. Ca va permettre de monter le niveau sportif global, et on ne peut que s’en réjouir. »
Un avis que partage Christine Courtois, vice-présidente en charge de la mixité au sein de la Fédération, qui se félicite que « le double mixte aujourd’hui ne soit pas qu’un coup de communication, mais une vraie conviction de la part de la Classe Mini et de Lorient Grand Large ». Pour la responsable fédérale, « il faut des démarches comme celles-ci, ambitieuses et audacieuses, pour créer un cercle vertueux qui profite aux femmes et contribue à faire changer les mentalités, et surtout les pratiques. »
L’édition 2024, dont le départ sera donné le 4 avril à Lorient, marquera en outre le début d’un nouveau cycle pour la Classe Mini. « Les marins se préparent en deux voire en quatre ans pour l’objectif de la Mini-Transat, donc les années post-transat sont toujours essentielles dans le renouvellement des skippers, et le fait que la première course de la saison soit en double mixte va, on l’espère, donner envie à plus de femmes de se lancer dans un projet ambitieux pour courir la transatlantique en 2025 ou 2027 », explique le président de la Classe Mini, Jean Marre.
Enquête d’opinion positive
Pour guider son vote, le Conseil d’administration de la Classe Mini a d’ailleurs pu s’appuyer sur les conclusions de l’enquête d’opinion réalisée par Lorient Grand Large à l’issue de l’édition 2022, remportée en Proto par le duo Federico Waksman & Vittoria Ripa di Meana (Repremar Logistics), et en Série par Paul Cousin et Marie Zugolaro (Groupe Biocombustibles).
Parmi ces retours, plusieurs femmes affirmaient qu’elles n’auraient pas pu prendre le départ sans cette initiative du double mixte, et se réjouissaient de cette expérience qui « donne le goût de poursuivre et de recommencer », mais aussi « l’envie de découvrir ce type de régate avec un projet à soi ». D’autres soulignaient aussi avoir pu augmenter leur performance « grâce au fait de naviguer avec un co-skipper très expérimenté qui n'aurait probablement pas pensé à naviguer avec moi sur une course non-mixte. »
En conclusion de cette enquête, l’une des participantes écrivait ainsi « être convaincue que c’est utile car plus on sera nombreuses sur l’eau, plus les gars s’habitueront à nous voir comme des marins comme les autres. » Mesdames, à vos cirés !
Ils ont dit…
Christine Courtois, vice-présidente en charge de la mixité au sein de la Fédération : « Je trouve ça extrêmement positif que la Classe Mini soit motrice sur le sujet, et la Fédération française de Voile doit les soutenir. En prenant ce genre d’initiatives, elle donnera envie à d’autres de les imiter. »
Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large :« On a une génération de marins à construire à Lorient pour les prochaines années, et c’est crucial qu’elle soit le reflet de notre société, et qu’elle soit plus diversifiée à l’avenir. Il faut que les femmes demain puissent avoir leur projet gagnant, puissent entraîner, puissent être motrices dans la course au large de demain. »
Jean Marre, président de la Classe Mini : « Il y a globalement un consensus pour dire que cette solution du double mixte, même si elle est imposée, reste l’une des plus efficaces pour le moment au vu de l'enjeu sociétal. »
Photo © Anne Beaugé / Plastimo Lorient Mini 2023