📸 Anne Beaugé
On ne change pas les bonnes habitudes. En pleines vacances de Pâques en Bretagne, l’incontournable Plastimo Lorient Mini 6.50 - « la PLM » pour ses aficionados - revient pour donner les trois coups de la saison sur le circuit Mini 6.50, côté façade atlantique. Et cette année encore, cette course organisée par Lorient Grand Large, fait carton plein ; ou presque.
La mixité hissée haut ; la sécurité d’abord
À moins d’une semaine du départ de cette classique de la course au large en double, pas moins de 74 femmes et 74 hommes sont attendus dans les courreaux de Groix pour se mesurer sur un parcours d’environ 250 milles (463 km). Le jeudi 10 avril, ces 148 marins s’élanceront - pour deux nuits en mer, si les conditions le permettent -, sur cette épreuve qui grave depuis trois ans la règle de la mixité dans les premières lignes de son avis de course.
La formule plaît, au point d’être devenue la signature de ce rendez-vous, inscrit sur son format du double originel, sous le signe de la transmission. Deux co-skippers - une femme, un homme aujourd’hui -, dans le même « petit » bateau. Leur objectif : partager une expérience acquise au fil des années ; ou au contraire découvrir en bonne compagnie ce qui fait le sel de la course au large.
« La spécificité de cette PLM, c’est d’être la toute première course au large d'un certain nombre de participants, avec une première nuit en mer en course à la clé. Elle est marquée par des écarts de niveau importants entre celles et ceux qui ont déjà plusieurs transats dans les pattes, et d’autres pour lesquels cette course est celle de la découverte », détaille Yves Le Blevec.
Parcours sur mesure
« Il faut en tenir compte dans la définition du parcours », ajoute le directeur de course qui ne cache pas espérer une édition moins ventée que les précédentes, servies par une brise musclée l’obligeant à moduler le tracé du parcours, aux détours d’un terrain de jeu défini entre la pointe de Penmarc’h et l’île d’Yeu. « Que les équipages prennent des ris, d’accord ; mais qu’on ne soit pas obligés de retenir la flotte au port ». C’est le vœu formulé à Éole par celui qui, aux côtés de l’organisateur et des ses partenaires, à commencer par Plastimo, place la sécurité d’abord.
Car là réside une des garanties de cette épreuve, prisée autant par les loups de mer que par les bizuths du large, qui peut compter sur l’engagement, depuis 2018, de cette entreprise réputée pour la qualité de ses équipements. « Les Mini 6.50 sont des bateaux toujours plus performants, taillés pour traverser l’Atlantique en solitaire. La sécurité est donc une priorité absolue. Lors du briefing sécurité (le 9 avril), nous passerons en revue tous les aspects sécuritaires des équipements embarqués. Nous rappellerons les bons réflexes en cas d’urgence », avance Frédéric Blaudeau, directeur de marketing de Plastimo, la première entreprise à jeter l’ancre, en 1998, sur le site de Keroman.
Proto de légende vs derniers nés à foils
De Keroman à Lorient la Base, c’est presque 30 ans de course au large et d’innovation qui accompagnent le développement du site tourné vers le nautisme de pointe et la voile haute performance. C’est de cette histoire dont témoigne aussi le plateau de la PLM qui cette année réunit 19 protos et 55 séries sur la même ligne de départ, où se côtoient des générations entières de bateaux.
Dans le camp des protos, l’iconique Des Pieds et Des Mains - Karen Liquid (n°198), proto Magnen mené par deux fois à la victoire sur la Mini-Transat par son architecte en 1997 et 1999, répond encore présent. Toujours vaillant, il appréciera de voir débouler les derniers nés du circuit 6.50 équipés de foils : Brets, le proto MMProcess de 2024 (n°1044) de Matéo Lavauzelle, attendu pour son baptême du feu en course ; ainsi que le vainqueur en titre sur la course, le supersonique Nicomatic (plan Manuard, n°1067) co-skippé par Caroline Boule et Benoît Marie. Les 31,1 nœuds enregistrés à l’automne dernier au speedo de ce bateau de 6,50 mètres donnent la mesure des progrès constants - et époustouflants -, réalisés sur le circuit Mini, laboratoire vivant de l’innovation dans le domaine de la course au large.
« C’est exceptionnel, ce bateau va plus vite que mon IMOCA à dérives », souligne Tanguy Le Turquais, de retour de Vendée Globe, qui ne cache pas sa fierté d'être le parrain de cette édition 2025 « L’image est sympa. J’ai été concurrent de cette course à mes débuts, j’y ai pris énormément de plaisir, j’y ai connu deux victoires. Depuis j’ai fait du chemin. En 2013, quand l’ai disputé la course pour la première fois avec une certaine Clarisse Crémer, je rêvais déjà de tour du monde, mais j’en étais loin », confie celui qui suivra de très près la progression de la flotte.
Séries en folie
Sur la carto, il ne perdra pas de vue l’armada de Maxi. Au nombre d’une petite vingtaine, ces bateaux de série signés David Raison garantissent de mener une bataille de folie, version course dans la course. Moins nombreux, trois TM 6.50, ces bateaux construits par le chantier Technologie Marine de Charlie Capelle sur plans Magnen-Cabaret, sont tout aussi attendus. L’un d'entre eux sera d’ailleurs co-skippé par Basile Bourgnon, parrain de ce bateau. À quelques mois d’attraper la barre d’un trimaran Ocean Fifty flambant neuf, celui qui a multiplié ces dernières années les podiums en Figaro, se réjouit de revenir à ses premières amours « et aux bases ». La trentaine de candidats - skippers et co-skippers -, à la prochaine Mini-Transat, qui ambitionnent de bientôt s’élancer en solo à travers l’Atlantique attireront également les regards sur cette course qui leur donne l’occasion de jauger la concurrence et de reprendre leurs marques en double. Enfin, difficile aussi de ne pas saluer la toute première participation d’Anne Liardet, connue pour avoir disputé le Vendée Globe en 2004, entre deux Mini-Transat en 1985 et 2023. Ministe un jour, ministe toujours, cette grande dame du large embarque à bord du 198. Une jolie manière de faire perdurer les légendes. Et l’esprit Mini…
Ils ont dit 💬
Patrice Valton, vice-président de Lorient Agglomération, chargé des ports et de la plaisance
“On est très satisfaits de soutenir la 11è édition de cette course, d’autant plus qu’elle a bien évolué, notamment en imposant la mixité. C’était un vrai pari, et il est gagné ! Et je n’oublie pas non plus que la PLM est avec le Défi Azimut l’une des deux courses originelles du calendrier de la course au large sur le territoire lorientais. Grâce à Lorient Grand Large, on a réussi à étoffer et ouvrir ce calendrier. On doit beaucoup la place qu’occupe Lorient, identifiée comme une ville de course au large, à la ténacité de celles et ceux qui ont maintenu au fil des années ces deux événements. La PLM nous tient particulièrement à cœur parce qu’elle concerne la plus petite série, mais aussi parce qu’elle est de plus en plus suivie, comme l’indique le retour de notoriété de cette épreuve qui révèle parfois des talents de la course au large. ”
Christophe Robien, directeur général de Plastimo
“Depuis toujours, nous partageons l’esprit de la Classe Mini, qui attire des navigateurs aux profils variés, animés par la passion et la solidarité. Ce sont des valeurs intrinsèquement mixtes. Nous sommes fiers de voir la PLM 6.50 s’imposer comme un précurseur en matière de diversité, dans un monde où le sport et l’entreprise évoluent vers plus de complémentarité et d’ouverture. Si des navigatrices de talent ont déjà marqué l’histoire, nous sommes convaincus que le circuit Mini représente la meilleure porte d’entrée pour encore plus de mixité dans la course au large.”
Anne-Claire Le Berre, marraine de la Plastimo Lorient Mini 6.50
“Je suis très honorée d’ être la marraine de cette épreuve qui me tient particulièrement à cœur. D’abord, parce que j’ai débuté en Mini comme beaucoup de marins ; et que cette série insuffle une dynamique hyper importante, qui nous apprend énormément de choses dans l’autonomie au large. Ensuite, je suis de Lorient et je suis bien placée pour apprécier la belle organisation qui nous permet tous de naviguer et nous offre beaucoup d’outils pour aller au bout de nos projets. Enfin, ce qui compte peut-être par-dessus tout, c’est que cet événement se dispute en double mixte. Et je remercie l’organisation et ses partenaires d’avoir mis cette parité en place. On en a encore besoin pour tendre vers plus d’équité dans notre sport en créant plus d’expériences pour les femmes.”
Jean-Philippe Cau, président de Lorient Grand Large
“À Lorient Grand Large, on a la chance de pouvoir s'appuyer sur un tour de table au conseil d’administration très intéressant, qui rassemble tous les acteurs de l’écosystème : des skippers, des teams, des particuliers... Il fonctionne bien. On est très satisfaits que la PLM soit devenue une vraie référence dans le calendrier Mini. On bénéficie aussi d’un fort soutien financier de Lorient Agglomération. On est très contents de le mettre à la disposition de 74 équipages mixtes.”